VAUVILLE ARMES

Château

Le château de Vauville s’élève dans le noyau central du bourg, tout près de l’église, mais n’est pas très éloigné de la mer. Donnant sur une cour intérieure, deux corps de logis disposés en angle droit, sont reliés par une grosse tour, tour maîtresse ou donjon. Ce donjon est la partie la plus ancienne du château, probablement du XIIesiècle. Il s’ouvre au rez-de-chaussée par une porte à linteau en accolade et contient un escalier en vis. Des mâchicoulis se voient encore du côté de cette cour, preuve qu’elle est en élévation entière. Au dernier étage, se trouve une chambre à voûte flamboyante que surmonte une terrasse d’où l’on découvre la mer et l’île d’Aurigny.

Du château initial, il ne reste aujourd’hui que la tour principale, le mur d’enceinte circulaire, et sa douve. 

Le bâtiment d’habitation au sud-ouest du donjon, appartient à une phase de reconstruction du XVIIesiècle. L’étage correspond bien au dessin romantique, réalisé avant les transformations du XIXesiècle. Le rez-de-chaussée est percé d’une série de petit éguets, d’une baie à meneaux doubles, et d’une porte à arc surbaissé. L’étage offre une belle régularité : deux fenêtres à meneaux doubles, une fenêtre à meneaux simples pour terminer ; elles sont surmontées directement d’un fronton semi-circulaire sculpté d’un décor en coquille, et de trois boules en triangle.

Le bâtiment d’habitation qui se situe au nord du donjon, appartient lui aussi à la phase de reconstruction du XVIIe siècle. Mais si on compare avec le dessin romantique, on s’aperçoit qu’il a été agrandi en respectant le style initial : le bâtiment s’arrêtait au niveau de la deuxième cheminée, qui est devenue celle du milieu. Le rez-de-chaussée est percé de deux fenêtres étroites encadrant une porte surmontée d’un fronton triangulaire, d’une porte à arc cintré, et d’une porte récente. Une tour à toit pointu termine le pignon. A l’étage trois fenêtres à meneaux doubles sont directement surmontées de lucarnes semi-circulaires au même décor que celles de l’autre corps de bâtiment. Deux fenêtres à meneaux simples s’intercalent. Plus au sud, dans les manoirs autour de Bricquebec, on retrouve ces mêmes lucarnes en coquilles ainsi que le fronton triangulaire au-dessus des portes, et ces éléments sont datés du XVIIe siècle.

Un pigeonnier de plus de mille boulins, édifié en en 1732, se trouve à l’extérieur du mur d’enceinte. On le voit bien en visitant le jardin. 

 En 1837, Polydor le Marois, détruit la porterie et les communs. C’est dans une chambre au-dessus de la porterie que le Bienheureux Thomas Hélie est mort. Le château a aussi souffert de la dernière guerre : des bombardements alliés et des pillages…par les alliés. Les façades et toitures du château et du colombier ont été inscrites en 1972 à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. 

Le château, le Jardin botanique et l’église de Vauville

Le château, le Jardin botanique et l’église de Vauville

A qui appartint ce château ?

Le fief de Vauville était « un plein fief de haubert, mouvant de la baronnie de Bricquebec ». Un fief de haubert devait fournir un chevalier complètement équipé au seigneur dont il relevait. En effet, les seigneurs de Vauville, étaient une branche cadette des Bertran de Bricquebec, les descendants d’Hugues, seigneur de Barneville et du Rozel (milieu du XIe  siècle).  Ils portaient « de gueules à six merlettes d’argent ». 

Un Guillaume de Vauville fut témoin d’une charte du duc Guillaume à Sainte-Marie de Cherbourg. Mais c’est vraisemblablement son fils, Richard (qui figure parmi les bienfaiteurs de l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte) qui entreprit en 1163 la construction du château et fonda le prieuré sur la colline voisine. Le fils de Richard, Guillaume, donne en 1210 aux moines de Lessay le fief Anger à Vauville. En 1200, il donna à Pierre-le-Bâtard, « pour son service et hommage, la tierce partie de la terre Savagü (Du Sauvage) qui fut acquise par la guerre ». Il devra au donateur et à ses héritiers une paire de gants au terme de Pâcques. Le sceau était en cire verte avec un écusson à 4 merlettes. Le château servait de refuge aux villageois quand les Anglais venaient en expédition de pillage. Il fut brûlé en 1520 ainsi que le bourg et les halles. Au XIVe siècle, la seigneurie de Vauville passa à la famille de La Haye, puis à la famille Carbonnel, puis à la famille Le Sauvage.  

En 1663, Jeanne Le Sauvage, unique héritière, épouse François-César de Costentin, et lui transmet le fief. Elle décède en 1703, dans son château de Vauville. Plusieurs fils sont nés de ce mariage dont Jean-Baptiste-César de Costentin, « le comte de Vauville ». 

Au début du XIXème, Le château est acheté par le général Jean-Léonor le Marois (1776-1836), aide de camp de Napoléon Bonaparte depuis ses 19 ans qui le suivit dans presque toutes ses campagnes, avait fait une carrière politique puisqu’il fut député de la Manche ; en demi-solde à la chute de l’Empire, il s’était retiré en Normandie où il avait acquis les châteaux de Pépinvast et de Vauville. 

Après 1889, la famille Gayard achète le château avant de passer par héritage à la famille Fleury puis par mariage à la famille Pellerin, qui le restaure, l’entretient et le met en valeur dans cadre idyllique du jardin.